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Je te dirai

Comment trouverais-je les mots quand je voudrais l'oubli ? Alors pour l'indicible des mots d'emprunts, mots qui hantent mes maudits non-dits. Sûrement pas demain sûrement pas dès l'aube, mais oui, un jour sur le chemin qui va par la montagne et la forêt. Six années et je n'y suis jamais retourné, j'espère que tu reposes en paix. J'aime la terre et ses pierres brutes pleines d'aspérités, mais du marbre lisse et froid sourd la tristesse d'un monde glacé. Là, à l'affleurement, mes sentiments sont comme une roche qui s'effrite, au coeur de la strate brille encore un peu le mica dedans. Avant l'alluvion déposée, avant les coups de vent, avant le coût du temps, on s'était murmuré des je t'aime, je te lisais mes poèmes, tes cheveux roux sur ton corps, c'était de l'or, tu sais, j'en étais fou. Sûrement pas demain sûrement pas dès l'aube, mais oui, un jour de faiblesse sur le chemin qui va par la mont

Éolie

Dressée sur la colline, belle effrontée, tu étais jolie Éolie. Si longue jambe et pâles d'hélices, vertige de fleur en offrande à Éole. J'ai aimé ton nom, il me revenait en frémissement comme le murmure d'un souffle sur ma peau. Dis-moi Éolie, qu'est-ce que le vent ? Une caresse qui se glisse, un délice du mouvement ? Fougueuse, tu te cabrais, t'emportais face à Éole qui s'emparaient de toi pour un long vibrement. Joueuse, une brise comme une amourette te tournait la tête. Je t'aimais un peu beaucoup à la folie, c'est moi qui t'ai cueilli Éolie et bêtement, j'ai semé tes pétales en passager du vent. Les jours ont passé, le vent a soufflé et toutes celles qui ont repoussé m'ont délaissé. Je les entends encore murmurer quand revient Éole, mais plus jamais elles ne seront miennes ces éoliennes. Éolie, ton pseudo qui m'avait séduit. Tes textes qui relataient de petits moments de vie me faisaient rire. J'aimais ton humour et la photo

Tropiques

Ici on coule des jours heureux aux couchants pacifiques une dernière fois j'irai parcourir la rocaille sur les sentes du grand morne bleu au petit matin à la rivière près des hibiscus je ferai récolte de Ouassoux que l'on fera griller sur notre feu je croquerai encore tes mangues et guetterai ton sourire à la carambole de tes yeux j'écouterai encore s'écouler le rire de ma femme enfant aux senteurs de vanille dans le rhum de mes souvenirs une mère berce son fils pour des lendemains mystérieux. Alors je repartirai par-delà les flots à Valparaiso je laisserai dans mon sillage les iles gentilles comme soupir d'alizé dans les palmes et le froissement des feuilles sur la canne et tous ces champs de coton rouges d'où monte le chant des coolies maltraités Le peuple des nuées migre toujours vers d'autres tempêtes. Là-bas, Valparaiso, la ville pastel dévale des collines jusqu'à la mer. C'est un point de départ pour des montagnes et déserts sauvages aux contré

Nos Jardins glaçés

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Sert moi fort, mon amour contre ton corps de braise la lune est gibbeuse autour et sur nos jardins il neige. Embrase-moi, mon amour oui, mets le feu à ma nuit car au-dehors le vent court et un loup rôde sans un bruit. Sous la couette, on s'est enfoui aime-moi encore, mon amour je t'ai dessinée nue et givrée sur notre vasistas gelé. Reflets de lune mordorée sur le glacis de nos jardins et tes défenses évaporées amour, je t'approche et j'ai faim. En la tendresse de ce dimanche et cette morsure d'insomnie ta chevelure devenue blanche je t'ai aimé ma belle-de-nuit.

Ecume

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Rouleaux de blanche effervescence Sur les eaux violentes du chahut Bouillonnement de notre essence Force de la vague qui chut. Elle vient et jamais ne divague Tag de sel, lame sans fin. Depuis la barre déferlent les générations L'esprit bulle passe d'un roulement Comme se culbutent les nations en palabre de sable frémissant. On attend la nouvelle vague Comme le renouveau chez nos enfants Et que leur esprit bouillonne D'un futur commencement. Ah, voilà la vague Plongez dedans ! C'est le sel de vie L'éternel mouvement. La génération passe et étonne L'écume est l'instant présent L'esprit et le sel qui nous sonne La conscience de ce moment. L'histoire se ressasse Dans le ressac du temps L'humanité nous dépasse D'écume et d'embruns changeants.

Sous le vent tiédi de septembre

Il a mis de la couleur sur le bord de la rivière, sur un vieux bout de ficelle il a accroché un fer à cheval et quelques cailloux de formes étranges. Il a semé des marguerites et planté là trois pousses de bambou. Il a repeint en bleu et vert le vieil arbre mort. La voie ferrée regarde d'un air désaffecté grandir ce petit jardin nommé « paradis ». Emeraude, la Meuse endormeuse y a perdu un bras, il croupit sous le vieux pont nommé « le bain des soldats ». Chaque fois que j'y viens un héron me cède la place. Ce midi, l'ombre des roses trémières ondule sous le vent tiédi de septembre.

Laisser aller

Je laisse aller oublie le licou pose le joug j'aspire à reposer Je ferme les yeux l'air est fraicheur torpeur des dieux je laisse aller Esprit du voyage dépose moi au versant ensoleillé rayon de soleil mon corps se réchauffe je souffle J'écoute ce tambour fluide rugissant Il résonne sourd en mon corps sommeillant Tout doux petit tambour mon corps respire reposant.